Bientôt un péage urbain à l’entrée des grandes villes ?
François de Rugy le ministre de la Transition écologique a confirmé ce 18 octobre sur le plateau de BFMTV que le futur projet de loi d'orientation des mobilités permettra aux élus locaux des villes de plus de 100 000 habitants de se doter d’un péage urbain. Il ne s’agit pas d’une nouvelle loi de 2018 puisque la mise en place du péage était déjà possible depuis 2010 avec la loi grenelle 2 mais aucune collectivité ne l’avait expérimenté. Le rapport de la sénatrice Fabienne Keller présenté devant la commission des finances du Sénat sur le cas des villes de Stockholm et de Londres va peut être changer la donne.
Qu’est-ce qu’un péage urbain ?
Son fonctionnement
Le péage urbain est une taxe mise en place soit à l’entrée d’une ville, soit pour circuler à l’intérieur d’une zone précise. Le système ne devrait pas comme sur les autoroutes être doté de véritables barrières physiques, il sera dématérialisé. Ainsi ce sont des caméras qui liront les plaques d’immatriculation qui serviront à identifier les propriétaires des véhicules et il y aura un système de marquage au sol pour délimiter les zones concernées. Le projet de loi mobilité offre la possibilité aux agglomérations de plus de 100 000 habitants d’installer un péage urbain. En France, ceci concerne 36 grandes villes parmi lesquelles Paris, Marseille, Lyon ou Toulouse par exemple.
Le tarif du péage urbain
À priori tous les conducteurs devraient s’acquitter de la taxe avec une gratuité pour certaines catégories de véhicules ou certains usagers. Seront exemptés les véhicules qui assurent un service public de transport, les véhicules d’intérêt général (ambulances, police, gendarmerie…) et ceux dont le domicile ou le lieu de travail serait situé dans la zone. À Londres, c’est un forfait journalier qui est appliqué (13 €/jour), à Stockholm les conducteurs paient à chacun de leur passage.
Pour les villes de 100 000 habitants, le projet de loi prévoit que les véhicules légers paient un tarif équivalent à 2,5 €/jour. Les autres catégories de véhicules comme les poids lourds devront débourser jusqu’à 4 fois plus, soit 10 €. Pour les villes de plus de 500 000 habitants le tarif pour les usagers devrait être doublé. Pour des villes comme Paris, Marseille ou Lyon, il faudra débourser
- 5 € pour un véhicule léger
- 20 € pour un véhicule lourd
Impacts d’un péage urbain
Sur le trafic routier
L’objectif est de fluidifier le trafic routier et d’améliorer les conditions de circulation en réduisant les bouchons. À titre d’exemple, à Milan où un péage urbain a été installé en 2008, on a noté une baisse significative du nombre de véhicules. Une réduction de 15 % dès la première année puis de 31% entre 2011 et 2012. Autre exemple, selon l’Agence suédoise des transports, depuis l’installation du péage il y aurait 16 % de véhicules en moins dans le centre-ville de Göteborg. Dans le même temps les usagers des transports publics sont 10 % plus nombreux.
Sur l’écologie et la santé
Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) 92% des habitants de la planète vivent dans un air trop pollué. La mise en place d’un péage urbain a aussi pour objectif de réduire la pollution et d’améliorer la qualité de l’air. Les habitants des grandes villes sont exposés à d’importantes concentrations de polluants atmosphériques comme le monoxyde de carbone, l’oxydes d'azote, l’ozone et les particules fines organiques volatils. D’après Santé Publique France, près de 48 000 décès seraient dû à pollution atmosphérique chaque année.
Péages urbains : des exemples à travers l’Europe
Le péage urbain à Londres
La capitale britannique est l’une des plus grandes métropoles européennes connaissant régulièrement des épisodes de forte pollution. Depuis 2003 un péage urbain à Londres a été instauré, pour limiter la circulation dans le centre historique. Nommé « congestion charge » ce péage urbain s’applique à tous les automobilistes qui circulent dans la zone concernée entre 7 h et 18 h, du lundi au vendredi excepté les jours fériés et entre le 25 décembre et le 1er janvier inclus. Depuis 2019, une zone à ultra-basse émission (ULEZ) a été mise en place. Une nouvelle taxe concernant certains véhicules thermiques vient s’ajouter au montant du péage urbain.
Le péage urbain à Milan
Avec son péage urbain à Milan, la métropole de la région de la Lombardie a remporté en 2014 le prix de la meilleure réalisation dans les transports. Depuis janvier 2012, la ville s’est dotée d’un système de péage appelé « Area C » afin de réduire le trafic et améliorer la qualité de l’air. Ainsi, du lundi au vendredi de 7h30 à 19h30, tous les véhicules entrant dans la ville doivent s’acquitter d’un ticket d’entrée de 5 €. Un système de vidéosurveillance placé à chaque point d’entrée de la zone « Area C » analyse les plaques d’immatriculation et s’assure que le droit de péage a bien été réglé. Notons que les deux-roues et les voitures électriques sont exemptés du péage.
Le péage urbain à Paris
Pour désengorger l’agglomération et répondre aux problématique de pollution, le péage urbain à Paris faisait partie des propositions du Grenelle de l'environnement en 2007. Si la loi autorise les grandes villes à mettre en place un péage urbain, aucune agglomération en France n’a encore franchi le pas. Le système reste largement impopulaire et est aussi vu comme inégalitaire et discriminante, en effet les plus fortunés pourraient payer le péage alors que les pauvres non. À la ville de Paris, le choix ne s’est pas porté sur un péage urbain mais sur l’interdiction des véhicules les plus polluants (en fonction de la vignette Crit’Air) en cas de pic de pollution.
Le péage urbain à Stockholm
Avant sa mise en place définitive, le péage urbain à Stockholm avait fait l’objet d’une expérimentation d’une durée de 6 mois. Ensuite un referendum a montré que la majorité des personnes interrogées étaient favorables au système, ce qui a permis son adoption définitive dès le 1er août 2007. Le péage urbain de Stockholm est un péage cordon constitué de 18 points. A chaque passage au cordon, à l’entrée ou à la sortie de 6h30 à 18h29, du lundi au vendredi (sauf jours fériés), il faut payer un droit de passage. Il faut savoir que le tarif est plus élevé aux heures de pointe qu’en période creuse et que la gratuité s’applique durant tout le mois de juillet.
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