Stationnement très gênant : comment contester une amende ?

Vous venez d’être verbalisé pour stationnement très gênant et vous avez un doute sur la légitimité du motif : si vous souhaitez contester, il est important de comprendre les règles du Code de la route en matière de stationnement afin de savoir si vous avez des arguments sérieux.

Dans cet article, nous vous expliquons vos droits et devoirs relatifs au stationnement de votre véhicule, les conséquences liées au non-respect de ces règles et vos possibilités de recours.

Contester une amende pour stationnement gênant : c'est possible
Contester une amende pour stationnement gênant : c'est possible

Qu'est-ce qu'un stationnement très gênant ?

Selon l’article R 417-10 du Code de la route, « est considéré comme gênant l’arrêt ou le stationnement d’un véhicule sur une voie publique spécialement désignée par arrêté de l’autorité investie du pouvoir de police municipale ». Il est important de noter que même si votre véhicule ne bloque pas les autres usagers, un stationnement interdit en dehors des places réservées suffit à entraîner une verbalisation par les forces de police pour non-respect du Code de la route.

Le stationnement gênant se divise en plusieurs catégories qui ne vont bien évidemment pas toutes être sanctionnées de la même manière.

Le stationnement abusif 

Dans le langage courant, certaines personnes appellent ce type de véhicules les « voitures tampons » ou « voitures ventouses » : ce sont ces véhicules qui restent pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines stationnées au même endroit, sur une place de stationnement payant ou une place de stationnement gratuit. Selon la loi, un stationnement est considéré comme abusif au-delà de 7 jours en continu au même endroit, quel que soit l’état du véhicule (en état de marche ou non). Attention, certaines communes ont réduit cette limitation pour le confort des riverains. Il vaut mieux se renseigner auprès de sa commune pour connaître la règle en vigueur.

Le stationnement gênant

Un stationnement est considéré comme gênant à partir du moment où le véhicule gêne la bonne circulation des autres usagers de la route ou empêche une certaine catégorie d’automobilistes de stationner leur véhicule sur des places qui leur sont réservées.

Vous êtes donc en infraction à partir du moment où vous vous garez sur un emplacement réservé aux livraisons, aux taxis, aux bus, aux voitures électriques (pour chargement), même si vous avez payé à l’horodateur ; si vous vous stationnez devant une entrée d’immeuble, sur un pont, dans un tunnel, dans un passage souterrain ou sur une bande d’arrêt d’urgence (excepté bien évidemment en cas d’urgence absolue). Enfin, si votre voiture empêche l’accès à un autre véhicule, vous serez également en situation de stationnement gênant.

Le stationnement très gênant

Depuis 2015, cette catégorie d’infraction est entrée dans le Code de la route. Ici, outre le fait que le véhicule ne respecte pas les règles de stationnement et gêne les autres usagers de la route, il est également considéré comme dangereux, car il risque d’obliger les autres conducteurs à adopter un comportement qui pourrait les mettre en danger.

Ainsi, stationner sur des emplacements réservés aux piétons ou à moins de 5 mètres d’un passage piéton (hors emplacement prévu), sur un trottoir, sur une piste cyclable, sur une place réservée aux personnes à mobilité réduite, sur une place réservée à un transporteur de fonds, est considéré comme très gênant. Il en est de même si vous circulez sur une voie réservée aux bus, taxis, ambulances ou sur une voie verte (sans autorisation) ou encore si votre véhicule empêche l’accès aux bouches d’incendie.

Le stationnement dangereux

Dans ce cas, le stationnement du véhicule est dangereux, car il empêche une bonne visibilité pour les autres automobilistes.

Vous serez classé dans la catégorie des stationnements dangereux si votre voiture est stationnée aux abords d’un passage à niveau, près d’un virage, en haut d’une côte ou encore près d’une intersection.

 

Quelles sanctions pour ce type de stationnement interdit ?

Cette classification des infractions liées au non-respect des règles de stationnement, prévoit, bien évidemment, une hiérarchisation des sanctions.

Si dans les 2 premiers cas (stationnement abusif et stationnement gênant), l’amende forfaitaire de classe 2 est de 35€, la contravention liée au stationnement très gênant et dangereux sera de classe 4, d’un montant forfaitaire de 135€ (375€ en cas de majoration pour non-paiement dans les délais).

En cas de stationnement très gênant, vous ne perdez pas de points sur votre permis de conduire. Par contre, le stationnement dangereux entraîne le retrait de 3 points.

 

De plus, les autorités de police compétentes peuvent décider d’immobiliser, confisquer ou mettre en fourrière votre véhicule, notamment lorsque le contrevenant refuse de déplacer son véhicule ou que le trouble à la circulation nécessite un déplacement du véhicule en urgence, même sans attendre l’accord du propriétaire.

Dans ce cas, vous serez bien évidemment redevable des frais de fourrière : tarif d’enlèvement (minimum 122€), tarif journalier de garde et d’immobilisation matérielle (minimum 15€ par jour).

En cas de récidive, notamment concernant le stationnement dangereux, vous pourrez écoper d’une suspension de permis de conduire pouvant aller jusqu’à 3 ans.

En cas de stationnement dangereux et de perte de 3 points, n’oubliez pas que le stage de récupération de points est la solution pour augmenter votre solde de points après 48 heures de stage.

 

Stationnement très gênant : étapes à suivre pour contester son amende

Les motifs valables de contestation

Vous allez pouvoir tenter de contester une contravention pour stationnement très gênant si vous êtes dans une de ces situations et si vous êtes en mesure de fournir des preuves solides :

  • En cas d’usurpation de vos plaques d’immatriculation.
  • En cas de cession du véhicule et vous n’étiez plus le propriétaire au moment de la constatation.
  • En cas de prêt du véhicule. Mais dans ce cas l’amende devra être réglée par le conducteur que vous aurez désigné. Si vous ne voulez pas désigner le conducteur, vous devrez payer.
  • Si vous pouvez prouver que vous ne pouviez pas vous trouver à cet endroit au moment des faits.
  • En cas de certains vices de forme constatés : une erreur de date, de numéro d’immatriculation, le lieu de l’infraction erroné ou incomplet, le numéro du matricule de l’agent manquant, une absence de signature de l’agent…
  • Vous pouvez également contester la nature même de la contravention. Exemple : vous n’êtes pas en accord avec la mention stationnement dangereux.

Votre dossier doit être particulièrement riche en preuves et en éléments convaincants, surtout si vous contester le fond de la contravention. N’hésitez pas à faire appel à des témoins, à prendre des photos, des vidéos… pour corroborer vos propos. Et si vous faites appel à des témoins, il faut qu’ils soient identifiables (copie de la pièce d’identité et formulaire CERFA rempli).

 

La procédure pas à pas pour faire annuler son amende

À partir du moment où vous recevez votre avis de procès-verbal, vous avez 45 jours pour contester.

Attention : il ne faut pas payer l’amende. En effet, un paiement vaut acceptation et met un point final à la contestation.

Si vous souhaitez contester l’amende majorée, vous avez alors 3 mois pour contester.

  • Vous pouvez contester en ligne :
  • Sur le site de l’ANTAI, vous allez pouvoir effectuer votre recours dans sa globalité. Vous devrez remplir les différents formulaires en ligne et joindre les documents demandés. Vous devrez également transmettre tous les éléments de preuve qui vont permettre de rendre votre dossier recevable. Une fois votre dossier complété et transmis, vous allez pouvoir suivre votre demande directement sur le site de l’ANTAI.
  • À noter : le fait que l’ANTAI accepte votre dossier ne signifie pas que votre recours est accepté. L’ANTAI n’est pas l’organisme qui va statuer sur la situation.
  • Vous pouvez également contester par courrier :
  • Vous allez devoir renvoyer par courrier AR votre avis de contravention ainsi que le formulaire de requête en exonération joint à votre avis et toutes vos preuves (courrier argumenté sur papier libre + tous les autres éléments pouvant servir votre dossier). Le tout sera à retourner à l’Officier du ministère public à l’adresse indiquée sur le formulaire. Une fois votre dossier enregistré, vous allez pouvoir suivre son avancement en ligne, sur le site de l’ANTAI.

Si votre véhicule est verbalisé pour stationnement gênant plusieurs fois (exemple 2 contraventions parce que vous êtes resté plusieurs heures stationné sur un emplacement réservé aux personnes souffrant de handicap), il sera possible de payer la première contravention, mais contester la 2e ; ce qui n’est pas le cas pour non-paiement du stationnement payant : à chaque dépassement du temps de stationnement de l’horodateur , une nouvelle infraction débute jusqu’à la durée maximale.

Vous recevrez une réponse par courrier et 3 situations sont possibles :

  • Votre demande est classée sans suite : cela signifie que vos arguments ont été convaincants et que votre demande a été acceptée.
  • Votre demande est irrecevable, car vous n’avez pas respecté une ou plusieurs règles de contestation.
  • Votre demande est renvoyée auprès d’un juge qui statuera sur votre recours.

 

En résumé…

  • Le stationnement très gênant est une des catégories pour laquelle tout automobiliste peut être verbalisé en cas de non-respect du Code de la route.
  • En cas d’infraction de stationnement très gênant, vous serez sanctionné par une amende de classe 4 et une possible mise en fourrière de votre véhicule. Vous ne perdrez pas de points sur votre permis de conduire.
  • Il est possible de contester une amende pour stationnement gênant. Le délai de 45 jours court à compter de la réception de l’avis. Il est donc stratégique de faire son recours rapidement.
  • Vous pouvez contester sur la forme ou sur le fond.
  • Dans tous les cas, tout contrevenant doit prouver le bien-fondé de sa demande en joignant des preuves sérieuses et tangibles, y compris des témoignages, photos, vidéos…

Enfin, certains conducteurs font parfois preuve d’une grande incivilité. Sachez que vous êtes tout à fait en droit de signaler certains comportements qui mettent en danger la vie d’autres usagers, auprès des forces de l’ordre.