Aujourd’hui, pour tous les gouvernements la qualité de l’air est un enjeu majeur de santé publique. Si le lien entre les moteurs des véhicules (en particulier les motorisations diesel) et la pollution atmosphérique est bien établi, il faut savoir que la friction entre les plaquettes et les disques de frein serait à elle-seule responsable d’1/5 de la pollution automobile. Dans les années à venir, pour limiter ces émissions de particules, l’Union Européenne devrait légiférer pour la mise en place d’un système de freinage plus propre.
Les émissions de particules issues du système de freinage sont moins connues que celles dues à la combustion des moteurs. En effet, de nos jours pour les véhicules neufs, des filtres à particules ont été rendu obligatoires sur la plupart des moteurs diesel et essence, ce qui a permis de réduire très nettement ces émissions. On constate que sur une voiture aux normes actuelles d’antipollution, le système de freinage serait 4 fois plus polluant que le moteur. Une étude réalisée par l’institut de génie de l’environnement de l’université technique de Berlin affirme même que le freinage serait responsable de 20 % des particules émises par le trafic routier.
A chaque fois que l’on presse la pédale de frein, le disque de frein et les plaquettes se frottent. Cette abrasion se diffuse ensuite dans l’air sous forme de particules fines extrêmement polluantes. Ces particules issues du freinage sont hautement toxiques à la fois pour l’organisme mais aussi pour l’environnement. Elles sont constituées de carbone et de métaux lourds tels que le cuivre, le cadmium, le baryum, le nickel, le chrome, le manganèse, le plomb, le zinc… Le cuivre notamment est très dangereux, en s’oxydant dans l’air il peut sur le long terme déclencher des cancers.
La situation est préoccupante puisqu’au niveau mondial 9 citadins sur 10 vivent dans un environnement où l’air est tellement pollué que le simple fait de respirer comporte des risques pour sa santé. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) estime que les particules fines seraient responsables de près de 7 millions de décès chaque année dans le monde. En France, elles seraient à l’origine de 42 000 décès prématurés par an. Comme les particules rejetées dans l'atmosphère par les systèmes de freinage sont extrêmement petites, de l’ordre de 200 nanomètres, elles peuvent pénétrer dans les alvéoles pulmonaires. Ce qui peut conduire à des cas d’inflammations, des crises d’asthme, d’emphysème, de bronchites chroniques ou engendrer des cancers dans les cas les plus graves.
Grâce aux filtres à particules qui équipent les voitures récentes, le parc automobile tend à devenir de plus en plus propre. En revanche, il n’existe à l’heure actuelle aucune réglementation en ce qui concerne la réduction des émissions de particules fines liées au système de freinage. Aux États-Unis, cinq états prévoient de limiter à 5 % le taux de cuivre présent dans les plaquettes de frein à partir de 2020. En 2025, le cuivre devrait être complètement supprimé de la liste des composants. Dans son programme de recherche nommé « Horizon 2020 », la Commission européenne a lancé un appel à projets pour développer des solutions pour réduire les émissions liées au freinage ou pour les rendre moins nocives.
En 2012, la société Tallano Technologie a mis au point un système baptisé « Tamic » qui capte les micro-particules polluantes émises au freinage. Avant leur dispersion dans l’air, le dispositif avec sa turbine électrique va aspirer les poussières émises par le système de freinage. Selon les tests, le système permettrait une diminution de 82 % des émissions de particules liées à l'abrasion des plaquettes de frein. Federal-Mogul Corporation, un équipementier automobile américain, a également développé des plaquettes « éco-frictions » sans cuivre. Il a reçu le Grand Prix 2013 de l’innovation automobile.